Les mirtilles

Myrtilles et Kisscool ont un point commun : le double effet. Pour le célèbre bonbon à la menthe, on renvoie au spot publicitaire. Les mérites des myrtilles sont plus confidentiels, et c'est ce qui fait leur charme. La ferme Xistaberri à Cambo propose, depuis dix-huit ans, d'expérimenter ce fameux double effet. Le premier, c'est la plongée en « zénitude ». On quitte les bruits de la ville par une petite route qui serpente dans le piémont. À la ferme, on s'étire en descendant de voiture, avant de découvrir un paysage au pouvoir sédatif certain : du vert tendre, de douces courbes. Quelques minutes plus tard, après avoir rafraîchi ses poumons de quelques bouffées d'air pur, on se retrouve un godet autour du cou, un panier à la main, les pieds dans la rosée, les mains sur les branches des arbustes, et le nez pointé vers les petites boules bleues. Implosion parfumée « C'est mon yoga hebdomadaire », explique Catherine, une habituée qui ne sait plus ce qu'elle préfère : ramasser les myrtilles ou les manger. Car le deuxième effet, c'est la dégustation. Comme pour les cerises, les vrais amateurs savent bien que les fruits n'ont jamais meilleur goût que lorsqu'ils sont cueillis bien mûrs, sur l'arbre. À la ferme Xistaberri, (1) la production a en plus l'avantage d'être « bio ». Le seul traitement dans le myrtillier est assuré par un cheval : il se nourrit des herbes folles et dépose de l'engrais. Nul risque de trouver de déjections animales sur les myrtilles de Xistaberri, au contraire de leurs cousines sauvages qui poussent à ras de terre (2). Ici les arbustes sont à hauteur d'homme. Bref, avec une telle invite, le ramasseur ne résiste pas longtemps à la tentation : il place sous son palais la première myrtille (la meilleure, évidemment, comme pour la gorgée de bière). Petite implosion parfumée avec une savante combinaison d'acidité et de sucre qui s'épanouit lentement dans la bouche. Il faut avoir l'abnégation d'un moine chartreux pour cesser de picorer. Marijo, cueilleuse occasionnelle, avoue que lors de ses virées à Xistaberri, elle ne sait plus très bien où se trouve la plus grande quantité de fruits : dans son estomac ou dans son panier. Récolte précoce Laurence Carceles, propriétaire du domaine, s'amuse : « On ne pèse que les paniers, mais parfois on se dit qu'on devrait aussi peser les clients avant et après la cueillette ! » Les myrtilles de Cambo sont vendues 4 euros le kilo ; et une personne en ramasse environ 5 kilos à l'heure. On peut choisir de venir en solitaire ou en famille : comme les 2 500 myrtilliers s'étalent sur 1 hectare, les ramasseurs ne se gênent pas. Cette année, la récolte a débuté avec trois semaines d'avance. Conséquence, elle vient de s'achever précocément, le week-end dernier. Les amateurs de myrtilles devront donc se rabattre sur les baies sauvages qui poussent, elles, plus tard dans la saison.

édité Sud-Ouest

Petite recette

Gâteau vite fait aux myrtilles, groseilles et framboises - pour 10/12 personnes _ingrédients_ • 220g de beurre • 260g de sucre • 240g de farine • 1 sachet de levure • 2 pincées de sel • 2 oeufs (bio de préférence) • 125g de framboises • 125g de myrtilles • 125g de groseilles rouges • 2 cuillères à soupe de farine _préparation_ > préchauffer le four à 175° (chaleur tournante) > laver délicatement les fruits rouges et sécher délicatement – réserver > mettre le beurre et le sucre dans une casserole (assez grande) et porter à ebullition. Laisser frémir pendant une minute, éteindre le feu et laisser refroidir > pendant ce temps, mélanger la farine, la levure, le sel. Verser dans la casserole et mélanger (la préparation beurre/sucre doit avoir refroidi) > ajouter les oeufs et mélanger. > verser l’appareil* dans un moule à manqué (28 cm) beurré et fariné > verser les 2 cuillères à soupe de farine sur les fruits rouges et mélanger délicatement > recouvrir la pâte avec les fruits enrobés de farine > enfourner pendant 40 minutes (le gâteau doit être bien doré) > laisser refroidir avant de démouler et déguster tel quel ou avec une crème fouettée ou une boule de glace pour les plus gourmands.